(un autre texte suit, en français/ another text follows, in French)
My art has developed over many years living in Montreal, where conversations are an untraceable meander between French, English and whatever other language someone may be thinking in. We don’t always understand the words but we are keen readers of nuance.
The contexts I like best are also nuanced and indefinite, with my art often taking up space while simultaneously seeming to disappear. Sometimes photography and video help me see what I might otherwise miss, but my overall approach is more like drawing, a discipline of reworking and living with uncertainty. I often return to subtly visible materials which are receptive to changes in light and air, becoming briefly visible before disappearing into shadow while another area becomes visible. They describe what I understand to be a continual fullness in the non-visible world in which I am present, and testify to the wonder that can be glimpsed anywhere, the way something moves, drifting in a breath of air, or how some random bit of anything can light up, come alive.
I usually make things by hand, touch melding mind and body, and on site, in response to existing conditions. I want the art to be slow in the making as well as the seeing, preferably in natural light, which refuses to be rushed. Sunlight alters the appearance of our surroundings from moment to moment. When it is momentarily subdued, we feel the loss with a twinge of dismay; the return of brightness brings an inchoate pleasure. These barely perceptible emotions are where we live — body, feeling, mind, consciousness all intertwined with systems of being extending beyond us.
Lately, it’s as if the art has its own life — I make something but I find myself looking at what is reflected from what I’ve made, or what it has directed me towards, until then unnoticed. It bridges my personal life with anyone willing to interpret the nuance, while protecting the privacy of those close to me. A conversation with the world around me, with other artists, with you.
K Fuglem, April 2020
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Depuis quelques années mon travail a traité de l’espace architectural, de sa lumière et du mouvement de l’air comme partie intégrale d’œuvres sensorielles et indicibles. Je crée des installations et des sculptures à découvrir doucement, avec des éléments souvent presque invisibles, afin de solliciter un regard aussi physique que pensif. Pour mes projets in situ, j’étudie et j’exploite l’histoire et la géographie d’une région en tant qu’éléments « sous-entendus » – connus aux visiteurs des lieux, et qui constituent des courants sous-jacents de l’expérience. Dans l’espace public, je veux susciter des surprises visuelles, subtiles mais fortes, mieux appréhendées dans la périphérie au cours de passages répétés.
Je veux rendre visibles les aspects d’un environnement qui sont habituellement occultés, ou auxquels nous sommes si habitués, qu’ils nous sont devenus invisibles à un tel point que mon « œuvre » pourrait ne pas être la chose que j’ai créée, mais plutôt ce que l’on voit à cause d’elle. Par exemple, des bandes de polyester transparent créent des lignes sinueuses de lumière qui se reflètent sur le papier derrière elles (Vie étendue [Feelers], 2016-2017). Ou encore, des bandes de ce même matériau suspendues dans une vaste pièce vide servent de miroirs qui réagissent aux courants d’air invisibles et à la lumière (Expression, 2017).
Le fait de travailler avec le mouvement de l’air m’a menée à avoir une fascination pour les motifs dans la nature, dans les courants d’air rendus visibles par une chute de neige, dans les vagues ou dans les nuages. Je vois de tels motifs comme une sorte d’architecture en soi, par exemple, le motif répétitif complexe des lignes dans l’œuvre Air de réflexion (2017), a été créé en fonction des constellations Grande Ourse et Petite Ourse comme elles apparaîtraient dans le ciel sur Montréal tous les mille ans pour dix mille ans. Ici, et dans plusieurs autres de mes installations, l’orientation de la source de l’œuvre correspond à l’orientation de l’immeuble. Le fait de se situer sur le plan géographique est une notion essentielle à la compréhension de notre place dans le temps et dans l’espace. Il m’était également très important que le réseau en entier de cette œuvre, comme dans la plupart de mes œuvres, soit fait à la main et suggère la tâche impossible d’une héroïne de conte de fées. Une œuvre faite à la main inclut le spectateur qui en fait l’expérience au fil du temps et pourrait également être un encouragement à la créativité, pour le spectateur, à savoir, le renforcement de la collectivité.
Dans ma pratique artistique, j’aime la façon dont nous ressentons une affinité avec une chose qui semble être vivante, tout comme nous. C’est toujours mon objectif de créer l’œuvre qui nous communique ce que nous percevons dans notre réaction à celle-ci qui, par son animation subtile, revêt un caractère amical, comme si l’air nous saluait au passage.
K Fuglem, 2018-2020